GALIANO GRACIA Manuel
Né le 19 août 1913 à Cordoue (Andalousie, Espagne), mort en 1977 à Camprodon (Province de Gérone, Espagne) ; militant du PCE, adhérent de l’UNE, combattant de la Résistance (Guerrilleros espagnols) dans l’Aude puis dans les Pyrénées-Orientales . Manuel Galiano, résistant depuis 1942, guerrillero espagnol, s’illustra d’abord comme maquisard membre de « groupes de harcèlement » dans l’Aude. En août 1942, il "récupéra" des pistolets à Narbonne. Il tua, le 17 novembre 1942, accompagné du Catalan Anton Carbonell, un officier allemand devant l’hôtel Négrail à Limoux (Aude). Mais d’autres sources (Maury, op. cit.), tome II, p. 172) qui reprenent le témoignage d’Antonio Molina donnent le 27 janvier 1943 comme date de cet attentat : quoiqu’il en soit, ce fut le premier du genre dans la zone sud. Luís Fernández*, chef des Guerrilleros españoles, avait choisi Galiano pour ce premier acte contre l’armée allemande d’occupation en Zone Sud. Il commandait le 4e bataillon de la 5e brigade (Aude) des GE qui regroupait 76 guérilleros et, depuis le PC de Villardebelle, était actif, de Limoux, dans la haute vallée de l’Aude, dans la partie occidentale des Corbières audoises, le Narbonnais et le sud du Minervois. Au mois de mars 1943, il prit le commandement de la brigade de l’Aude des GE et succédait ainsi à Antonio Molina à la tête de cette unité. Il y resta peu de temps et fut à son tour remplacé par Angel Fuentes (alias "Melitón") en mai-juin 1943. "Brûlé" dans l’Aude, il fut muté dans les Pyrénées-Orientales. En 1944, il avait intégré le 3e bataillon —commandé par Rafael Gandia*— de la 1e brigade (Pyrénées-Orientales) du XIVe corps (Aude, Ariège, Pyrénées-Orientales) des GE. Le 29 juillet 1944, il participa à l’assaut de Prades (Pyrénées-Orientales) mené conjointement par les FTP et les GE. La section qu’il commandait attaqua la Villa Margueritte, siège local de la Siecherheitspolizei (connue plus généralement sous le nom de « Gestapo »). Il participa également aux combats (1, 2 et 3 août 1944) que les GE et les FTP (maquis « Henri Barbusse ») livrèrent dans le massif du Canigou contre les forces allemandes et de la Milice des Pyrénées-Orientales et de l’Aude qui avaient pour objectif de les détruire en même temps que le village de Valmanya jugé trop favorable au maquis. Commandant un groupe de dix hommes, il se posta en embuscade sur un éperon rocheux, peu avant l’entrée de Valmanya, sur la rive droite de la Lentilla, opposée à celle où est établie la route départementale et sur laquelle progressait la colonne allemande. Le combat que Galiano et ses hommes livrèrent contre les Allemands permit à la plupart des habitants du village de fuir dans la montagne ; les quatre qui restèrent furent assassinés. Galiano et son groupe demeurèrent ensuite cachés pendant trois jours, attendant que les forces allemandes et miliciennes aient quitté Valmanya, après l’avoir pillé et mis à sac. À cette époque, Galiano était « capitaine » de GE. Ses deux faits d’armes à Prades et à Valmanya justifièrent l’obtention de la croix de guerre avec étoile de bronze. La citation (15 janvier 1947) du général de corps d’Armée Bergeron, commandant la 5e région militaire (Toulouse), fut certifiée par Georges Delcamp*, lieutenant-colonel. Peu après la Libération, Mariano Galiano Gracia commanda —il avait entre temps obtenu le grade de commandant— le 2e bataillon de la 1e brigade des GE (Pyrénées-Orientales), unité qui, dans un premier temps, fut chargée du contrôle de la frontière franco-espagnole du haut Vallespir. Un grave incident avec les troupes franquistes, ayant eu lieu le 4 septembre 1944 entre des guerrilleros et une patrouille espagnole en haute montagne au col del Pal, près des sources du Tech, les autorités françaises donnèrent l’ordre à la brigade de se replier plus à l’intérieur des terres à Elne, près de Perpignan, dans les locaux de l’ancienne maternité suisse fermée par les Allemands. Galiano y fut cantonné avec ses hommes. Communiste, appliquant strictement les directives de l’UNE, il fit arrêter un guerrillero catalan qui avait intégré sa compagnie un mois plus tôt, Manuel Buxeda. Résidant auparavant à Bédarieux (Hérault), Buxeda fut, d’après sa version des faits, torturé par les hommes de Galiano à Elne puis à Perpignan au siège départemental de l’UNE, cours Palmarole, sous la direction du lieutenant guerrillero Jimenez Aguilera, puis à l’état major de la brigade, à Millas. Libéré, après qu’on lui ait notifié qu’on l’avait arrêté « par erreur », Buxeda, qui séjourna à l’hôpital de Perpignan, écrivit au préfet et se plaça sous la protection des autorités françaises. Cet « incident » auquel fut mêlé Galiano révèle l’état d’esprit des communistes de l’UNE qui soupçonnaient les Espagnols non affiliés au PCE ou au PSUC et n’hésitaient pas d’utiliser à user à leur égard des méthodes violentes. Après la Libération, Manuel Galiano vécut à Perpignan. Il épousa une Catalane, Antonieta Vilanova. Il fit partie des 177 militants du PCE ou du PSUC arrêtés le 8 septembre 1951, dans le cadre de l’opération « Boléro-Paprika », consécutive à la dissolution en France du PCE, du PSUC et des organisations « amies ». Amené à Toulon (Var) avec une partie de ceux qui étaient assignés à résidence en Corse, il fit partie des militants qui choisirent, en juin 1951, de quitter la France pour la Pologne, la Tchécoslovaquie ou la Hongrie. Galiano opta pour la Pologne vers laquelle il voyagea sur le navire polonais « Piast ». Nous ignorons combien de temps il resta en Pologne. En 1971, il vivait à Camprodon, petite ville pyrénéenne de la province de Gérone, à proximité de la frontière avec le département des Pyrénées-Orientales. SOURCES : Arch. Nat., RG, F/7 /16114, listes des renseignements généraux établies à l’occasion de l’opération Boléro-Paprika et ses suites : liste de personnes arrêtées, assignées en résidence en Corse, ayant opté pour une « démocratie populaire ». — Arch. Dép. Pyrénées-Orientales, 31 W 32, divers rapports militaires ou de police (septembre 1944) et lettre dactylographiée de Manuel Buxeda au préfet, 7 novembre 1944. — Ramon Gual & Jean Larrieu, Vichy, l’occupation nazie et la résistance catalane, II b ; De la résistance à la Libération, Prades, 1998, p. 601, 726, 727, 728. — Jordi Guixé i Coromines, L’Europa de Franco. L’esquerra antifranquista i la « caça de bruixes » a l’inici de la guerra freda. França 1943-1951, Barcelone, Publicacions de l’Abadia de Montserrat, p. 210, 227, 230. — Jean Larrieu, Vichy, l’occupation nazie et la résistance catalane, I, Chronologie des années noires, Prades, Terra Nostra, 1994, p. 322 ; « Le Canigou dans la Seconde Guerre mondiale », in Marie-Édith Brejon de Lavergnée, Jean-Pierre Bobo, Gérard Soutadé, Le Canigou, 1896-1996, actes du colloque de Perpignan (1996), Perpignan, Archives départementales, 1997, pp, 291-317 [p. 308]. — Lucien Maury, La Résistance audoise (1940-1944), Carcassonne, Comité d’Histoire de la Résistance du département de l’Aude, tome 2, 1980, 441 p. [pp. 172-174, en particulier, le témoignage d’Antonio Molina recueilli par Lucien Maury et cité par lui]. — Ferran Sánchez Agustí, Maquis y Pirineos. La gran invasión (1944-1945), Lérida, Editorial Milenio, 2001, p. 119 ; Espías, contrabando, maquis y evasíon. La II Guerra mundial en los Pirineos, Lérida, Milenio, 2003, p. 83-84. —Miguel Angel Sanz, Luchando en tierras de Francia. La participación de los españoles en la Resistència, prólogo de Jean Cassou, Madrid, Ediciones de la Torre, 1980, pp. 194-196. ICONOGRAPHIE : Gual & Larrieu, 1998, p. 726 : Manuel Galiano avec sa future épouse et deux habitants de Baillestavy, village voisin de Valmanya, à la foire de la Saint-Martin de Perpignan, 11 novembre 1944. André Balent |